Ce qu’on n’attendait plus # 10

L’odeur de l’émeute. Retour sur l’acte X.

L’émeute : une odeur de brûlé sur un air de fête. L’espace de quelques heures, à Toulouse, on a nos Champs-Elysées. Vers 20.00, le boulevard de Strasbourg s’est transformé en esplanade où l’on peut flâner, déambuler entre les barricades sur un tapis de verre, résidus futiles des abribus détruits par la bourrasque populaire. Des gamin.e.s improvisent un barbecue sur un caddie au milieu de l’avenue pendant qu’au croisement de Jean-Jaurès, une importante assemblée débriefe les faits de la journée à la chaleur des derniers feux de poubelle. Au loin, vers Marengo, l’hélico de la GN traque encore les derniers points chauds au bout de son faisceau de mort pendant que, parfois, les voitures de flics remontent le boulevard, ne sachant plus où donner du tonfa.

Tout a commencé dans le calme et la quiétude, mais dans une détermination totale. Après la jonction avec la manifestation syndicale et la concentration d’Act Up, le cortège quitte le boulevard pour le centre ville. Etriqué dans les rues d’Arnaud Bernard, le fleuve des Gilets Jaunes fait son lit dans les ruelles avant de se jeter sur un Capitole qui a revêtu ses atours de gala. La façade est taggé d’un joli « On va faire un effort », tandis qu’un autre sur la porte exhorte Moudenc à nous laisser entrer. Un peu plus loin, rue de Metz, l’arrivée de l’hélico déchaîne acclamations neuveuses, comme celles attendues lors de la venue d’une vieille connaissance qu’on n’avait pas trop envie de revoir, avant de laisser la place aux invectives en tout genre. Le moche bourdon étant les yeux des bataillons de flics au sol, on sait d’ores et déjà que la fin de journée sera mouvementée. Au bout de l’avenue, Verdier est bloqué. Devant la Préfecture, les forces de répression forment un cordon protégeant un château-fort qu’il n’ont pas su bien défendre la semaine passée. Un peu plus loin, quelques effluves de lacrymos voletant dans l’air n’annoncent rien de bon. Retour ligne automatique
Et, effectivement, de retour au Capitole, la musique change. Postés à l’angle de la rue du poids de l’huile, les flics allument la place aux gaz. Une bonne dizaine de cartouches dressent un brouillard funèbre devant la mairie, obligeant la foule à reculer. Les bistrots n’ont pas encore eu le temps de rentrer les terrasses. Au bout de 30 secondes la dispersion est effective mais laisse un camarade au sol qui sera rapidement pris en charge par les street-medics et grâce à la solidarité. Le cortège se replie vers la rue Romiguières, celle du Taur étant gardée par les cerbères de l’Etat. Tout le monde trace ensuite vers la Daurade.

Le pouvoir n’a toujours pas compris que, plus il essaiera de faire peur, plus il essaiera de lancer la discorde dans le mouvement, bref, en faisant dans la surenchère sécuritaire, il ne fera que renforcer la cohésion et la détermination des Gilets Jaunes. L’acte IX, avec ses presque 20.000 participants à Toulouse, a encore une fois été marquée par une répression qui ne cesse de croître. Plusieurs camarades seraient resté.e.s sur le carreau sans la solidarité et la cohésion qui sont en train de se construire dans le mouvement.

Soutien à Rizvan le 9/01/2019.

PARU SUR le fb du Centresocialautogéré Crea

Mardi 8 janvier 12h30 dans la salle 2 du Tribunal Administratif
La décision tombe comme une injustice, comme d’habitude. Aucune prise en compte de la vie de Rizvan et de sa famille à Toulouse depuis 2015. La juge confirmera l’OQTF et l’IRTF des 3 personnes enfermé.e.s.

Mercredi 9 janvier, 9h30, audience en appel devant le JLD
Encore un espoir de sortir en contestant les conditions de son arrestation et de son audition sans traducteur devant la cour d’appel.

SOYONS NOMBREUX ET NOMBREUSES UNE NOUVELLE FOIS POUR SOUTENIR RIZVAN ET SES PROCHES A 9h30 LE 09.01.2019 A LA COUR D’APPEL DE TOULOUSE (ENTREE PALAIS DE JUSTICE)

Rizvan remercie du fond du coeur toutes les personnes présentes ce matin (sauf la juge et la flicaille!).

Force à lui, solidarité avec toutes les enfermé.es

Ce qu’on n’attendait plus # 8

Il était prévu que l’acte I des Gilets Jaunes 2019 serait vénère. Il l’a été. Parti du square De Gaulle vers 13.30, les deux premières heures on été l’occasion pour le cortège d’une petite balade dans la vieille ville, sous l’escorte d’une dizaine de flics. Direction ensuite Wilson et Victor-Hugo, pour ensuite remonter vers le Cap via Rivals et Remusat. Un premier arrêt permet d’évaluer l’ampleur de la manif. Apparemment, le Ministère de l’Intérieur est toujours dans le déni puisque la préfecture annonce un chiffre de 2000 manifestants. Le cortège repart dans les petites rues pour un autre petit tour. Les grosses enseignes ont baissé leur rideau (Primark, bien sûr, les Galeries Lafayette et Monoprix). Peu de flics en vue, exceptés quelques baqueux qui font le pet à l’entrée de certaines rues. Le gros de la troupe s’est massé le long du boulevard Carnot pendant que le camion à eau est resté à Esquirol.

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Ce qu’on n’attendait plus # 7

Un bon mois que cela dure. Ce n’est peut-être pas l’insurrection dont tout le monde rêvait mais, dans tous les cas, ça aura permis pas mal de choses : parler avec des gens qu’on n’a pas l’habitude de côtoyer dans les manifs, permis qu’ils se rendent également compte du traitement qu’en fait habituellement la presse, permis que le regard de certaines personnes change à l’égard des luttes et la manière pour les aborder.

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Ce qu’on n’attendait plus # 6

Fallait pas être en retard à Arnaud Ben’s. Plus un chat lorsqu’on arrive mais les premiers échos de la journée font froid dans le dos. Une dispersion sans coup de semonce et un gazage sans qu’un.e seul.e manifestant.e n’ait eu le temps d’élever la voix et alors que tout était calme. La répression se durcit si tant est qu’elle peut l’être davantage. Un tir de flash-ball a attrapé le mollet d’une gamine. Le gros de la troupe emprunte le boulevard d’Arcole jusqu’au croisement de la rue de Saint-Bernard. Tout le monde s’amasse et bloque la rue par laquelle arrive un flot continu de gilets jaunes bien véners. Une fois le nombre assez important, direction Compans. Devant le centre Baudis, la BAC commence à allumer tout le monde à coups de flashballs et de lacrymos, coupant le cortège en trois, un restant sur le boulevard d’Arcole, un autre qui a emprunté le boulevard Duportal quand l’autre se barre sous l’arche du centre pour se protéger des gaz qui n’épargnent personne. Les gens font leur possible pour s’extirper de la nasse et parviennent à se rassembler une autre fois à Arnaud Ben’s avant de s’égailler par les rues du centre-ville. La répression continue du côté de Brienne et certains ont commencé à monter des barricades pour se protéger des flics.

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Gilets jaunes – Comparutions

La justice a encore eu la main lourde. Repéré par hélicoptère en train de défoncer une caméra de surveillance métro Jean-Jaurès le 22 décembre dernier, Boyan a écopé de six mois de prison, dont trois avec sursis, d’une interdiction de manifester à Toulouse pendant deux ans et d’une forte amende. En parallèle, Rémi a pris six mois dont 5 avec sursis pour montage de barricades et jets de projectiles. (Source : La Dépêche du Midi).

Benoît est sorti du coma

D’après Actu.fr, Benoît, gilet jaune touché par un tir de flash-ball à Toulouse le 1er décembre dernier, est sorti du coma. Ses avocates ont demandé l’interdiction des armes LBD (lanceur de balle de défense) en attendant que l’IGPN livre ses conclusions. On risque de les attendre longtemps.

Ce qu’on n’attendait plus # 4 – bilan partiel

On aura mis le temps à se décider mais, désormais, c’est fait. Presque tout le monde est entré dans la danse et une partie de la mauvaise graine a pris la porte, contrainte et forcée. Les dernières semaines qui viennent de s’écouler ont montré une détermination sans faille face à un gouvernement décidé à faire la sourde oreille aux revendications des gens en colère. Tout le monde semble avoir pris conscience que la lutte ne passe plus par les urnes, outil de reproduction des élites, mais par la rue. A la violence des forces de répression a répondu la détermination du peuple, bien décidé à ne pas prêter le flanc à toutes les agressions gratuites subies, conséquence d’une répression disproportionnée digne des plus grandes dictatures : tabassage, tirs de flash-ball, usage incroyable des lacrymos, canon à eau, délestage de toutes les protections, comparutions immédiates en cascade. Ces derniers temps, l’imagination de l’Etat a été sans borne lorsqu’il s’est agi de museler la liberté de s’exprimer.

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Ce qu’on n’attendait plus # 3

A peine une centaine de personnes à l’arrivée à Verdier. Les gardes mobiles nous ont habitué à faire un petit détour pour rejoindre le point de rassemblement. Hier à la première assemblée de quartier aux tiercelettes, certains ont commencé à parler de la nécessité de mettre en place des commissions d’actions de manière à gagner en efficacité. Plusieurs points de rassemblement ont été évoqués, Verdier, Arnaud-Bernard d’où devait partir la manif syndicale.

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