Travaille, consomme et ferme ta gueule

Accuser les gilets jaunes de la faillite d’une palanquée de commerces toulousains c’est occulter les effets d’une crise qui ne date pas du mois de novembre mais de quelques années en arrière. En 2018, rien que dans ma rue, au moins une demi-douzaine de boutiques avaient mis la clef sous la porte en raison d’une augmentation des loyers qui empechait tout ce beau monde de faire perdurer leur activité. Evidemment, c’est plus simple et plus efficace d’accuser le mouvement de tous les maux que de le rejoindre. Surtout que, même voué aux gémonies, il aura quand même permis aux commerçants de faire enfin valider leurs vieilles revendications poujadistes – les fameuses exonérations de charges – auprès d’un Moudenc qui n’en demandait pas tant, bien aidé en cela par un gouvernement plus enclin à semer la division qu’à porter assistance aux prolos.

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Le dos large des gilets jaunes

La semaine dernière on pouvait voir certaines vitrines de la rue des filatiers afficher une pancarte « commerces en danger (à vendre) ». La surprise passée, on s’aperçoit rapidement qu’il s’agit d’une opération de communication destinée à attirer l’attention des gens sur la situation des commerces du centre ville bourgeois de Toulouse. Parfois ajouté à ce panneau, on a droit à un petit brûlot assez alarmiste de la situation en centre ville des commerces, soi-disant à l’article du dépôt de bilan et ce, bien évidemment, à cause des manifestations. La suite, vaut son pesant de cacahuètes. Il y est dit que les commerçants sont proches de la faillite, qu’ils ne jugent pas le mouvement des gilets jaunes (le sempiternel « on ne fait pas de politique »), mais en appellent à l’Etat pour restaurer l’ordre public (pas un mot des violences policières), ce qui est en soi un aveu.

Si on jette un oeil plus attentif, on se rend compte en plus que les commerçants demandent l’exonération des charges ainsi qu’un accompagnement d’aides individualisée. Preuve que, même soi-disant à l’agonie, les commerçants ne perdent pas le nord et nous ressortent leur vieille rengaine poujadiste. Bref, comment se servir du mouvement des GJ pour essayer de gratter quelques brouzoufs et profiter d’une situation pas si catastrophique que ça dans la mesure où, certaines boutiques (boutique de bd et alimentaires, notamment) ont refusé les panneaux en prétextant du fait que la situation n’était pas si mauvaise que ça, loin de là.

A l’initiative de ce truc, on retrouve Olivier Bouscatel, fils de René, dont vous trouverez un article très explicite sur IAATA. A noter que, le samedi de l’acte X, les pancartes avaient déjà été enlevées. Courageux mais pas téméraires les boutiquiers.

Les enfants de la plaine

Réédition le 15 janvier prochain de la compil en hommage aux victimes du 5 novembre dernier. Les fonds seront reversés aux associations de soutien aux habitants de la Plaine, Noailles ainsi qu’à la Machine à coudre. Les commandes sont à effectuer chez Lollipop.

La plaine aka ZAD

A Marseille comme à Toulouse, l’offensive contre les quartiers populaires bat son plein. Cette fois-ci, c’est la place Jean-Jaurès aka la Plaine qui consitue la ZAD. Un projet de chantier va bloquer durant trois années les activités de cette place consistant en un marché libre quotidien, mais également celles des commerces entourant ce lieu. Les habitants ne sont pas contre la réfection mais celle-ci a eu lieu sans eux avec, à terme, le lancement d’un processus de gentrification qui va éjecter la plupart des gens vivant dans ce quartier populaire. Je sais pas trop ce qui s’est passé la veille. On y entend que la police est intervenue mais que le comité a réinvesti le secteur.

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Place Schumann

L’étau se resserre sur les revendications. A Toulouse, ça fait un moment que les édiles ne laissent plus trop d’air à la contestation. Nous avions rendez-vous place Schumann dans le quartier Jeanne d’Arc mais les forces de répression cernaient le quartier dès la gare. Premier checkpoint et première fouille des sacs. On passe le deuxième sans problème mais on sent que les autorités ont mis les petits plats dans les grands. Je ne les ais pas compté mais il y avait un paquet de camions rue Bayard. Sur la place, nous sommes une bonne centaine à essayer de faire entendre notre voix contre le projet TESO qui doit décimer une grande partie du quartier Bonnefoy. Quelques chants fusent à droite et à gauche, on distribue les consignes en cas d’arrestation. Pendant ce temps, les flics se sont avancés et bouchent l’artère Bayard et les adjacentes. On se regarde tous, réfléchissant à la stratégie à adopter. Après distribution des petits drapeaux, le cortège se met en marche vers la gare mais se retrouve rapidement bloqué. On en profite pour chanter et faire le pet à bonne distance du blocage. Certains magasins en ont profité pour baisser le rideau pour l’après-midi quand d’autres ont renforcé leur service d’ordre.

Après un moment, avoir reculé, avancer et tergiversé, il faut se rendre à l’évidence. On ne fera rien de plus et la jonction avec le quartier Bonnefoy n’aura jamais lieu. Tout juste la satisfaction d’avoir obligé les CRS à avoir sorti tout l’attirail pour rien.

Bonnefoy, la fabuleuse

Il faudra plus que la grêle pour refroidir les ardeurs, plus que des menaces pour anéantir les coeurs. Ce samedi, c’était jour de fête au parc de Bonnefoy, la maison de quartier la Fabuleuse était en voie d’ouverture, une maison d’accueil à multiples casquettes, pour accueillir des personnes en détresse, offrir une alternative culturelle, sociale, bref, tout ce que l’on pourra y apporter, un lieu de rencontre où rien ne se monnaye, rien ne se paye mais où tout s’échange dans un esprit d’ouverture mais aussi de combat. Car l’objectif est bien d’y établir un oasis là où l’on en a bien besoin, pour freiner les vélléités de changement, un changement que l’on a pas choisi, pas voulu, une mutation que l’on nous a imposée en nous faisant croire que notre avis était essentiel. Dans les cartons de la municipalité un projet de refonte globale avec en tête de proue une tour de verre où les créateurs de richesse pourront s’en donner à coeur joie, des échangeurs d’affaires dont eux seuls connaissent la teneur et dont le quartier va directement profiter, du moins ceux qui auront les moyens de rester car alignements, démolitions, expropriations vont être le lot des habitants historiques du quartier de la gare. Tout ça pour gagner une heure de transport entre Toulouse et Paris.

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Teso : l’autre appellation pour gentrification

Le terme de concertation est à la mode en ce moment. Surtout lorsqu’il s’agit de donner l’impression d’une démocratie effective et en bonne santé alors que toutes les décisions ont déjà été prises. C’était déjà le cas dans le cadre de la réforme du droit du travail où la concertation n’a uniquement servi qu’à donner une apparence de vitalité démocratique quand le gouvernement français a tout foutu en l’air et validé le projet à coups d’ordonnances. Cette manière de procéder est révélatrice de la conception de la démocratie qu’ont les édiles nationaux.

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