Bonnefoy, la fabuleuse

Il faudra plus que la grêle pour refroidir les ardeurs, plus que des menaces pour anéantir les coeurs. Ce samedi, c’était jour de fête au parc de Bonnefoy, la maison de quartier la Fabuleuse était en voie d’ouverture, une maison d’accueil à multiples casquettes, pour accueillir des personnes en détresse, offrir une alternative culturelle, sociale, bref, tout ce que l’on pourra y apporter, un lieu de rencontre où rien ne se monnaye, rien ne se paye mais où tout s’échange dans un esprit d’ouverture mais aussi de combat. Car l’objectif est bien d’y établir un oasis là où l’on en a bien besoin, pour freiner les vélléités de changement, un changement que l’on a pas choisi, pas voulu, une mutation que l’on nous a imposée en nous faisant croire que notre avis était essentiel. Dans les cartons de la municipalité un projet de refonte globale avec en tête de proue une tour de verre où les créateurs de richesse pourront s’en donner à coeur joie, des échangeurs d’affaires dont eux seuls connaissent la teneur et dont le quartier va directement profiter, du moins ceux qui auront les moyens de rester car alignements, démolitions, expropriations vont être le lot des habitants historiques du quartier de la gare. Tout ça pour gagner une heure de transport entre Toulouse et Paris.

Alors les habitants ont décidé de s’unir, de se rencontrer pour agir quand la municipalité ne veut plus les entendre, d’agir quand il n’y a plus rien à espérer. Et cela passe par des rencontres, des moments à soi dans des endroits informels, où l’autre n’est pas vu comme un être dangereux, dans un lieu où l’on n’a pas besoin d’ériger le droit de sécurité en principe de liberté, mais où l’on a envie de se parler, de s’écouter, de se disputer, même, car on ne sera pas toujours d’accord. Alors non, l’ouverture n’a pu se faire pour diverses raisons mais la réunion aura permis de se rencontrer, d’échanger autour de thématiques même pas particulières, de se parler et de se connaître. Les gamins papillonaient dans tous les sens, il faisait beau, on y faisait des crêpes, on y buvait des citronnades, sous l’oeil peut-être envieux des flics qui faisaient la navette entre les différentes entrées du parc et qui ont certainement du se trouver con d’être en surveillance d’une rencontre de quartier qui s’est achevée en match de basket. Elle est peut-être là finalement la réussite.