Des molards et du mépris

On continue encore et toujours à détester la police. On prend le cortège au vol pour se rendre compte sur Alsace-Lorraine que des K-Way noirs semblent être de retour dans le défilé. Les slogans qui résonnent ne trompent pas, eux qui avaient plus ou moins disparu du cortège ces derniers temps. Du coup, ça remet un peu de peps dans la manif. Pour une fois, le défilé laisse Primark tranquille et remonte en direction de la rue Bayard pour une tentative de redite de la semaine dernière lorsque la gare avait été envahie. Mais au bout de la rue, les forces de répression attendent comme des toutous, bloquant l’accès à Matabiau. L’épreuve de force débute et, au bout de la deuxième sommation les flics balancent les gaz rue Bayard. Une partie du cortège tente une sortie rue Agathoise, très rapidement arrosée de lacrymo.

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Instrumentalisation patriotique au collège

On entend tellement parler dans les médias de prise d’otages dès lors que surgissent les conflits sociaux que l’envie est forte de ne pas se priver de cette expression dans le cas des gamin.e.s du collège Michelet à Toulouse.

Au sein de l’Education nationale existe un protocole appelé le Trinôme académique chargé, sous l’autorité du recteur d’académie, de l’autorité militaire et du Président de l’association régionale des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, « de promouvoir l’esprit de défense à travers des actions et des formations à l’attention des élèves, des enseignants et de tous les responsables du système éducatif ». Inutile de détailler les missions, la phrase précédente est suffisamment explicite pour comprendre à quoi sert réellement ce dispositif est quel est son objectif. Ce que l’on sait moins c’est qu’il existe depuis 1989 et, qu’à ce jour, il faisait plus l’objet d’une existence théorique que réelle.

Il semble que les données aient quelque peu changé. On sait depuis longtemps le rôle de l’école souhaité par les esprits conservateurs, à savoir, l’exaltation du sentiment patriotique, le vecteur d’une identité commune (et peu importe les moyens utilisées pour y arriver), afin de faire des éléves de bon.n.e.s citoyen.n.e.s et de bon.n.e.s ouvrier.e.s aptes à bien écouter les consignes. Et rien de mieux pour cela que de l’inoculer à l’intérieur des programmes, particulièrement ceux de l’Histoire (voir Laurence de Cock, Sur l’enseignement de l’histoire : Débats, programmes et pratiques de la fin du xixe siècle à nos jours, Libertalia, 2018), afin de redonner de l’allant au Roman national. En ces temps d’autoritarisme où le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’appeler à se ressouder autour du drapeau – la loi Blanquer prévoit qu’il soit présent dans les salles de classes à la rentrée prochaine – il semblerait que le cadre présidant à la mise en place de tout cela existe déjà et que certains responsables d’établissement l’aient déjà anticipé en utilisant des moyens qui en disent long sur ce qui nous attend.

Au sein du collège Michelet, situé au coeur du quartier Saint-Aubin à Toulouse, existe une chorale à laquelle tous les éléves le désirant peuvent adhérer. Durant toute l’année, filles et garçons participent à cet exercice suivant un théme bien défini. Cette année c’est le livre des Merveilles de Marco Polo. A l’issue de cet apprentissage, les éléves sont appelé.e.s à se produire devant le collège à la fin de l’année. Rien d’alarmant jusque là. En revanche, ce qui a été omis de dire en début d’année scolaire, c’est que cet enseignement a été dispensé dans le cadre de ce fameux Trinôme académique 2019, que la représentation sera effectuée [1] avec la Musique des Parachutistes durant laquelle les éléves seront obligé.e.s de chanter la Marseillaise et que les parents ont appris tout cela dix jours avant la représentation lorsqu’il était impossible de faire machine arrière sans passer pour de sombres connards aux yeux des enfants. Entre les deux, aucune communication sur ce qui allait se passer, comme si tout allait de soi.

Instrumentaliser des enfants dans le but de faire passer les pires tambouilles n’a rien de nouveau mais rien d’anodin non plus. En révélant largement a posteriori le cadre dans lequel avait évolué les enfants toute l’année à leur insu, cela témoigne d’une tentative assez crapuleuse de la part des chefs d’établissement pour accéder aux demandes du gouvernement, sans trop faire de vague auprès des parents qui par hasard ne seraient pas d’accord avec ce partenariat. En les impliquant dans cette démonstration patriotique dégueulasse, ils savaient pertinemment que les parents suivraient obligatoirement parce que mis devant le fait accompli et, donc, dans l’impossibilité de renoncer sans frustrer leurs gamin.e.s. Hypocrite mais pas moins lucide car la feuille de route – on continue dans la terminologie militaire, je n’invente rien – de la journée fait état de la présence maximum de deux accompagnant.e.s uniques, ce qui limite l’accueil aux parents biologiques et les familles recomposées peuvent aller se faire voir. Du coup, en prévision d’action pour celles/ceux qui souhaiteraient éventuellement troubler cette grande communion, il a été également prévu que les guichets seront fermés et, par conséquent, qu’il ne sera pas possible d’acheter de place supplémentaire.

Notes

[1Le 3 juin à la halle aux grains

Travaille, consomme et ferme ta gueule

Accuser les gilets jaunes de la faillite d’une palanquée de commerces toulousains c’est occulter les effets d’une crise qui ne date pas du mois de novembre mais de quelques années en arrière. En 2018, rien que dans ma rue, au moins une demi-douzaine de boutiques avaient mis la clef sous la porte en raison d’une augmentation des loyers qui empechait tout ce beau monde de faire perdurer leur activité. Evidemment, c’est plus simple et plus efficace d’accuser le mouvement de tous les maux que de le rejoindre. Surtout que, même voué aux gémonies, il aura quand même permis aux commerçants de faire enfin valider leurs vieilles revendications poujadistes – les fameuses exonérations de charges – auprès d’un Moudenc qui n’en demandait pas tant, bien aidé en cela par un gouvernement plus enclin à semer la division qu’à porter assistance aux prolos.

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Ce qu’on n’attendait plus # 14

La semaine dernière, la pluie avait calmé les ardeurs. Le soleil de ce samedi les aura ravivées. La météo mais aussi la toute fraîche adoption de la loi anti-casseurs qui fait entrer la sacro-sainte République française dans le cercle assez poreux des nations à forte teneur autoritaire.

Les Gilets jaunes se devaient d’être là pour notamment montrer qu’aucune loi ne les empêcherait de fouler le pavé et de contester l’inique qui caractérise la politique du gouvernement de Macron depuis plus d’un an. Du coup, la répression a commencé très tôt dans la matinée. Les allées Jean-Jaurès sont déjà empuanties de lacrymo balancée par les condés aux alentours de midi. Nassé avant le croisement, le cortège s’était fait disperser dans les environs de Belfort et de Saint-Aubin. Lorsqu’on rejoint la troupe à Alsace-Lorraine, ça a déjà pété à Jeanne d’Arc. L’objectif est clair : cantonner les manifestants sur les boulevards et bloquer l’accès au centre. Mais la dispersion provoquée a ouvert plusieurs fronts que les forces de répression peinent à maîtriser.

Sur Alsace-Lorraine, le gazage est massif. Une partie du cortège reflue vers Victor-Hugo en attendant de trouver une porte de sortie. L’accès direct vers Jeanne d’Arc est bloqué mais un contournement nous permet d’atteindre la foule amassée sur la place devant la statue remise en place par la mairie dans la semaine. On se fait face avec les flics. A l’entrée de Bellegarde, une fumée noire s’élève. De là où je suis je ne vois pas ce qui brûle mais ça a l’air sérieux. On repart vers Wilson où une importante partie des manifestants est massée sur les allées Roosevelt. L’ambiance y est bon enfant, une sono balance sa techno mais on sent que ça va être de courte durée. Les premières grenades volent dans tous les sens, sur la gueule des manifestants et des simples badauds. Mais on ne s’éloigne pas. Progressivement on réinvestit la place avant que les baqueux ne changent de tactique en effectuant une charge. Un premier temps les GJ battent en retraite avant de contre attaquer. Les CRS planqués derrière n’ont plus d’autre choix que de rebalancer les lacrymos.

On continue à jouer aux résistants et aux miliciens. La dispersion est effective dans tous les sens. En direction de Saint-Georges, on fait une petite halte pour appâter le bourgeois qui sirote son mojito à l’ombre des platanes. Un peu plus loin, on essaie de rejoindre la troupe sur les allées Verdier. Place Occitane, un CRS nous voit et nous intime, LBD en main, l’ordre de refluer de là d’où on vient. Les escaliers sont bloqués mais comme les condés n’ont pas l’air d’être du coin, on prend la petite rampe latérale qui nous propulse sur le boulevard Carnot où se joue un remake de la 7eme compagnie. Le canon à eau est tout de guingois, planté dans le terre-plein herbeux du boulevard, provoquant l’hilarité de tous. De part et d’autre, les agences immo n’ayant pas pris leur précaution ont pris la marée pendant que les poubelles et les sucettes de pubs offrent un nouveau design d’éclairage urbain.

A l’entrée de la Colombette, on reprend des gaz. La BAC allume toute la rue avec ses merdes, obligeant certains à se réfugier dans les cours d’immeuble, pas toujours friendly. Pendant ce temps ça s’organise sur le boulevard Carnot. Une poubelle prend feu en travers de la route pendant que certains entament une danse du feu. On s’échappe rue Castellane avant d’être gazé par la BAC.

On en est encore à cracher nos poumons que, déjà, les échos parlent de victimes de flash ball par dizaines et d’une quarantaine d’arrestations [1].

P.-S.

Merci à Seb pour les photos.

[1] On parle également d’une main arrachée mais l’info n’a pu être vérifiée.

Le vilain petit anar

Sortie du numéro 4 du Vilain Petit Anar, fanzine des jeunes libertaires toulousains. Au sommaire, un article sur la prostitution, quelques réflexions sur la démocratie, mais aussi sur l’autogestion des lieux d’études avec l’exemple des lycées autogérés de Paris et Saint-Nazaire. C’est dispo à prix libre en manif’, à la canopée de Jean-Jaurès et le dimanche à Saint-Aubin (12 à 13h).

Blocage national des rectorats

L’AG des grévistes de l’éducation appelle le Jeudi 4 Avril à une grève massive et au blocage des rectorats de toutes les académies.
Pour un service public d’éducation égalitaire et accessible à tou.te.s, contre le tri social et la sélection, pour dénoncer les violences policières. La suite sur IAATA.

La double lame en marche

On aurait pu croire que la violence des événements derniers occasionnerait sinon un peu d’empathie chez les parlementaires, du moins l’envie de ne pas ajouter d’huile sur le feu. Mais on est toujours surpris par leur capacité d’adaptation. Dans la foulée de l’escalade répréssive de samedi dernier, Arnaud Viala (député de l’Aveyron, Maire de Vézins de Lévezou et conseiller au rectorat de Toulouse) en a profité pour proposer le 20 mars dernier un projet de loi visant à supprimer le revenu de solidarité active (RSA) aux personnes ayant participé à un attroupement.

« Il faut priver du revenu de solidarité active (RSA), prévu à l’article L. 262-1 du code de l’action sociale et des familles, des « casseurs » qui en sont bénéficiaires, et ce, en raison de leur participation (armée ou non) à un attroupement, de leur participation armée à une manifestation ou réunion publique autorisée ou de la provocation directe à un attroupement armé ».

La double lame, donc, pour ceux ayant osé défier le gouvernement. Les parlementaires font dans la surenchère répressive pour museler toute velléité de contestation et inciter ceux qui sont en colère à rester chez eux sous peine de se voir privés des trois brouzoufs qui leur reste. Le projet n’a pas encore été soumis au vote mais, étant donné l’ambiance générale au sein de la majorité présidentielle qui a déjà acté une proposition de loi provenant de ces mêmes Républicains (loi anticasseurs), sa promulgation ne devrait pas poser trop de problème.

Action médiatique enseignant.e.s

[Communiqué des enseignant·es en grève]

Service public d’éducation en danger: action et grève des enseignant.e.s mardi 26 mars à Toulouse

Suite à l’action de mardi 19/03 durant laquelle environ 150 enseignant.es ont bloqué le rectorat de Toulouse, suite à l’indignation d’une très large majorité de la profession, et bien au delà, devant
les violences policières injustifiables et inacceptables dont ont été victimes nos collègues, les personnels de l’éducation réunis en AG ont décidé:
• Une nouvelle journée de grève le mardi 26/03 prochain.
• Une action d’occupation médiatique dont le RDV est fixé à 12h au métro Jean Jaurès.
Les objectifs de cette action sur un jour de grève sont de défendre le service public d’éducation et de dénoncer la violence policière subie par les collègues devant le rectorat. La presse est la
bienvenue !
Les revendications sont les suivantes:
– Embauche de personnels titulaires à hauteur des besoins.
– Titularisation de tous les personnels précaires travaillant au sein de l’éducation nationale.
– Retrait de la réforme du lycée.
– retrait de « parcoursup » et de la sélection à l’université.
– annulation du projet de loi sur la confiance.
Nous demanderons par ailleurs des comptes à notre rectrice qui semble justifier l’agression inouïe subie par nos collègues en indiquant que ce sont « les agissements d’une minorité de manifestants qui n’ont pas souhaité privilégier le dialogue ».
Ensemble, nous avons décidé ce blocage, ensemble nous poursuivons notre action mardi 26 prochain!

La commission action de l’AG des grévistes de l’éducation, relayé par les syndicats. »

Appel à solidarité squat Saint-Pierre

C’est désormais officiel. En 2019 en France, le droit de propriété prime sur les droits humains. Le 12 mars, la flicaille et quelques affidés des métiers du bâtiment sont intervenus au squat du quai Saint-Pierre pour prendre des photos des lieux mais aussi couper l’électricité aux occupants. On sait pas trop l’objectif si ce n’est ajouter encore plus de misère à ceux qui y sont déjà jusqu’au cou et, accessoirement, anticiper la fin de la trêve hivernale qui devrait remettre à la rue la centaine d’occupants du squat qui devront chercher à se reloger. En attendant, le squat lance un appel aux dons. Plus de détail sur IAATA.