Instrumentalisation patriotique au collège

On entend tellement parler dans les médias de prise d’otages dès lors que surgissent les conflits sociaux que l’envie est forte de ne pas se priver de cette expression dans le cas des gamin.e.s du collège Michelet à Toulouse.

Au sein de l’Education nationale existe un protocole appelé le Trinôme académique chargé, sous l’autorité du recteur d’académie, de l’autorité militaire et du Président de l’association régionale des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, « de promouvoir l’esprit de défense à travers des actions et des formations à l’attention des élèves, des enseignants et de tous les responsables du système éducatif ». Inutile de détailler les missions, la phrase précédente est suffisamment explicite pour comprendre à quoi sert réellement ce dispositif est quel est son objectif. Ce que l’on sait moins c’est qu’il existe depuis 1989 et, qu’à ce jour, il faisait plus l’objet d’une existence théorique que réelle.

Il semble que les données aient quelque peu changé. On sait depuis longtemps le rôle de l’école souhaité par les esprits conservateurs, à savoir, l’exaltation du sentiment patriotique, le vecteur d’une identité commune (et peu importe les moyens utilisées pour y arriver), afin de faire des éléves de bon.n.e.s citoyen.n.e.s et de bon.n.e.s ouvrier.e.s aptes à bien écouter les consignes. Et rien de mieux pour cela que de l’inoculer à l’intérieur des programmes, particulièrement ceux de l’Histoire (voir Laurence de Cock, Sur l’enseignement de l’histoire : Débats, programmes et pratiques de la fin du xixe siècle à nos jours, Libertalia, 2018), afin de redonner de l’allant au Roman national. En ces temps d’autoritarisme où le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’appeler à se ressouder autour du drapeau – la loi Blanquer prévoit qu’il soit présent dans les salles de classes à la rentrée prochaine – il semblerait que le cadre présidant à la mise en place de tout cela existe déjà et que certains responsables d’établissement l’aient déjà anticipé en utilisant des moyens qui en disent long sur ce qui nous attend.

Au sein du collège Michelet, situé au coeur du quartier Saint-Aubin à Toulouse, existe une chorale à laquelle tous les éléves le désirant peuvent adhérer. Durant toute l’année, filles et garçons participent à cet exercice suivant un théme bien défini. Cette année c’est le livre des Merveilles de Marco Polo. A l’issue de cet apprentissage, les éléves sont appelé.e.s à se produire devant le collège à la fin de l’année. Rien d’alarmant jusque là. En revanche, ce qui a été omis de dire en début d’année scolaire, c’est que cet enseignement a été dispensé dans le cadre de ce fameux Trinôme académique 2019, que la représentation sera effectuée [1] avec la Musique des Parachutistes durant laquelle les éléves seront obligé.e.s de chanter la Marseillaise et que les parents ont appris tout cela dix jours avant la représentation lorsqu’il était impossible de faire machine arrière sans passer pour de sombres connards aux yeux des enfants. Entre les deux, aucune communication sur ce qui allait se passer, comme si tout allait de soi.

Instrumentaliser des enfants dans le but de faire passer les pires tambouilles n’a rien de nouveau mais rien d’anodin non plus. En révélant largement a posteriori le cadre dans lequel avait évolué les enfants toute l’année à leur insu, cela témoigne d’une tentative assez crapuleuse de la part des chefs d’établissement pour accéder aux demandes du gouvernement, sans trop faire de vague auprès des parents qui par hasard ne seraient pas d’accord avec ce partenariat. En les impliquant dans cette démonstration patriotique dégueulasse, ils savaient pertinemment que les parents suivraient obligatoirement parce que mis devant le fait accompli et, donc, dans l’impossibilité de renoncer sans frustrer leurs gamin.e.s. Hypocrite mais pas moins lucide car la feuille de route – on continue dans la terminologie militaire, je n’invente rien – de la journée fait état de la présence maximum de deux accompagnant.e.s uniques, ce qui limite l’accueil aux parents biologiques et les familles recomposées peuvent aller se faire voir. Du coup, en prévision d’action pour celles/ceux qui souhaiteraient éventuellement troubler cette grande communion, il a été également prévu que les guichets seront fermés et, par conséquent, qu’il ne sera pas possible d’acheter de place supplémentaire.

Notes

[1Le 3 juin à la halle aux grains

Blocage national des rectorats

L’AG des grévistes de l’éducation appelle le Jeudi 4 Avril à une grève massive et au blocage des rectorats de toutes les académies.
Pour un service public d’éducation égalitaire et accessible à tou.te.s, contre le tri social et la sélection, pour dénoncer les violences policières. La suite sur IAATA.

Action médiatique enseignant.e.s

[Communiqué des enseignant·es en grève]

Service public d’éducation en danger: action et grève des enseignant.e.s mardi 26 mars à Toulouse

Suite à l’action de mardi 19/03 durant laquelle environ 150 enseignant.es ont bloqué le rectorat de Toulouse, suite à l’indignation d’une très large majorité de la profession, et bien au delà, devant
les violences policières injustifiables et inacceptables dont ont été victimes nos collègues, les personnels de l’éducation réunis en AG ont décidé:
• Une nouvelle journée de grève le mardi 26/03 prochain.
• Une action d’occupation médiatique dont le RDV est fixé à 12h au métro Jean Jaurès.
Les objectifs de cette action sur un jour de grève sont de défendre le service public d’éducation et de dénoncer la violence policière subie par les collègues devant le rectorat. La presse est la
bienvenue !
Les revendications sont les suivantes:
– Embauche de personnels titulaires à hauteur des besoins.
– Titularisation de tous les personnels précaires travaillant au sein de l’éducation nationale.
– Retrait de la réforme du lycée.
– retrait de « parcoursup » et de la sélection à l’université.
– annulation du projet de loi sur la confiance.
Nous demanderons par ailleurs des comptes à notre rectrice qui semble justifier l’agression inouïe subie par nos collègues en indiquant que ce sont « les agissements d’une minorité de manifestants qui n’ont pas souhaité privilégier le dialogue ».
Ensemble, nous avons décidé ce blocage, ensemble nous poursuivons notre action mardi 26 prochain!

La commission action de l’AG des grévistes de l’éducation, relayé par les syndicats. »

Bienvenue à bord

La répression subie depuis quatre mois de mobilisation sociale semble avoir surpris tout un pan des enseignant.e.s qui ne s’attendaient pas à un tel degré de violence de la part de leur congénères de la flicaille. Bienvenue à bord, nous sommes désormais dans le même bâteau et la violence entraperçue lors du blocage du rectorat ce mardi matin n’est qu’un avant-goût des mesures répressives auxquelles ils/elles vont être confronté.e.s dans les mois à venir. Des chomeur.e.s aux précaires, des fonctionnaires aux employé.e.s du privé, personne n’est plus à l’abri et la seule question que tout le monde se pose est à quel moment va s’opérer la levée de boucliers générale.

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Non au lycée Blanquer

La colère est à ses portes mais l’Etat continue à faire la sourde oreille et poursuit sa campagne de démolition. Après les chômeur.e.s, l’éducation se retrouve également dans sa ligne de mire avec une réforme des lycées qui prévoit une augmentation minimale des effectifs à 36 par classe ce qui ne manquera pas de dégrader encore plus les conditions de travail pour les enseignant.e.s et les élèves. Les programmes, jugés inapplicables par les professeur.e.s et presque tous refusés par le Conseil Supérieur de l’Education, devront malgré tout être appliqués dès la rentrée, ce qui en dit long sur la volonté de dialogue du gouvernement. En outre, les enseignant.e.s perdent 80 heures par semaine alors que ces mêmes programmes sont alourdis et devront sacrifier des options et des matières, l’enveloppe financière concernant les dédoublements ne permettant pas de compenser cette charge de travail supplémentaire.

Parce que les profs du lycée des Arènes ne veulent pas entrer dans une logique qui les obligerait à se bouffer la rate entre eux, comme le souhaiterait le gouvernement, ils ont décidé de plusieurs modes d’action afin de se faire entendre.
– boycott du conseil d’administration
– démission collective de la charge de professeur.e principal.e. Le 6 février dernier, 130 d’entre elleux réparti.e.s sur 7 lycées de l’académie de Toulouse ont remis leur démission, perdant entre 40 et 75 € mensuels et n’assureront plus leur mission. Au lycée des Arènes, cette action concerne 19 professeur.e.s.
– occupation du lycée de nuit. La première qui s’est déroulée le 7 février a mobilisé 30 professeur.e.s. D’autres devraient suivre.
– retrait des notes de la plate-forme Pronote avec l’idée de bloquer Parcoursup.

Ajouté à ça, le rôle d’enseignants complémentaires que Blanquer veut faire jouer aux surveillants, l’objectif est simple : dézinguer tout simplement l’enseignement public.