Les vases communicants

La Mairie de Toulouse chouine, la Dépêche chouine. Dans un article du 25 janvier, le journal faisait un focus sur les horodateurs pétés à l’occasion des manifs depuis le mois de novembre 2018. Dans une introduction relatant les dégâts sur les bâtiments publics, les banques, les agences immobilières, les abribus, les commerces (ça mange pas de pain et tant pis si c’est pas vrai, ça donne l’occasion à la Mairie de leur filer un peu de blé), la Dépêche poursuit sa litanie sur le coût engendré par le passage de la marée jaune hebdomadaire en prenant toujours bien garde de chercher à comprendre les raisons pouvant amener à ces extrémités et les points communs qu’il pourrait y avoir entre les diverses institutions touchées (au hasard, la spéculation ?). Bref, le journal continue à bien faire attention à ne pas faire du journalisme et à rester le porte-parole des élites du secteur pendant que les Gilets jaunes y sont vus comme des fous furieux descendant des montagnes le week-end uniquement pour péter des trucs. Pour un article sur les violences policières, il faudra attendre un peu. Apparemment c’est pas encore à l’ordre du jour.

Le dos large des gilets jaunes

La semaine dernière on pouvait voir certaines vitrines de la rue des filatiers afficher une pancarte « commerces en danger (à vendre) ». La surprise passée, on s’aperçoit rapidement qu’il s’agit d’une opération de communication destinée à attirer l’attention des gens sur la situation des commerces du centre ville bourgeois de Toulouse. Parfois ajouté à ce panneau, on a droit à un petit brûlot assez alarmiste de la situation en centre ville des commerces, soi-disant à l’article du dépôt de bilan et ce, bien évidemment, à cause des manifestations. La suite, vaut son pesant de cacahuètes. Il y est dit que les commerçants sont proches de la faillite, qu’ils ne jugent pas le mouvement des gilets jaunes (le sempiternel « on ne fait pas de politique »), mais en appellent à l’Etat pour restaurer l’ordre public (pas un mot des violences policières), ce qui est en soi un aveu.

Si on jette un oeil plus attentif, on se rend compte en plus que les commerçants demandent l’exonération des charges ainsi qu’un accompagnement d’aides individualisée. Preuve que, même soi-disant à l’agonie, les commerçants ne perdent pas le nord et nous ressortent leur vieille rengaine poujadiste. Bref, comment se servir du mouvement des GJ pour essayer de gratter quelques brouzoufs et profiter d’une situation pas si catastrophique que ça dans la mesure où, certaines boutiques (boutique de bd et alimentaires, notamment) ont refusé les panneaux en prétextant du fait que la situation n’était pas si mauvaise que ça, loin de là.

A l’initiative de ce truc, on retrouve Olivier Bouscatel, fils de René, dont vous trouverez un article très explicite sur IAATA. A noter que, le samedi de l’acte X, les pancartes avaient déjà été enlevées. Courageux mais pas téméraires les boutiquiers.