Ce qu’on n’attendait plus # 13

(Re)devenir une menace.

Les nerfs un peu à vif depuis l’attaque du cortège par les fafs la semaine dernière. Les jours précédant le rendez-vous de samedi ont été l’occasion de mises aux points, d’éclaircissement sur nos positions, sur ce qu’on voulait au sein du cortège, ce que l’on ne voulait surtout pas. Rien de mieux donc pour se resserrer autour de quelques chants pour réaffirmer tout ça, démontrer que nous sommes là et que l’extrême droite ne sera jamais la bienvenue. Quelques aventurier.e.s de cette extrême en feront les frais vers Alsace-Lorraine (la Dissidence française, aperçue un peu plus tôt le matin vers les Carmes) mais aussi boulevard de Strasbourg un peu plus tard. Ne pas faire de fixation mais être vigilant.e.s. Toujours.

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Non au lycée Blanquer

La colère est à ses portes mais l’Etat continue à faire la sourde oreille et poursuit sa campagne de démolition. Après les chômeur.e.s, l’éducation se retrouve également dans sa ligne de mire avec une réforme des lycées qui prévoit une augmentation minimale des effectifs à 36 par classe ce qui ne manquera pas de dégrader encore plus les conditions de travail pour les enseignant.e.s et les élèves. Les programmes, jugés inapplicables par les professeur.e.s et presque tous refusés par le Conseil Supérieur de l’Education, devront malgré tout être appliqués dès la rentrée, ce qui en dit long sur la volonté de dialogue du gouvernement. En outre, les enseignant.e.s perdent 80 heures par semaine alors que ces mêmes programmes sont alourdis et devront sacrifier des options et des matières, l’enveloppe financière concernant les dédoublements ne permettant pas de compenser cette charge de travail supplémentaire.

Parce que les profs du lycée des Arènes ne veulent pas entrer dans une logique qui les obligerait à se bouffer la rate entre eux, comme le souhaiterait le gouvernement, ils ont décidé de plusieurs modes d’action afin de se faire entendre.
– boycott du conseil d’administration
– démission collective de la charge de professeur.e principal.e. Le 6 février dernier, 130 d’entre elleux réparti.e.s sur 7 lycées de l’académie de Toulouse ont remis leur démission, perdant entre 40 et 75 € mensuels et n’assureront plus leur mission. Au lycée des Arènes, cette action concerne 19 professeur.e.s.
– occupation du lycée de nuit. La première qui s’est déroulée le 7 février a mobilisé 30 professeur.e.s. D’autres devraient suivre.
– retrait des notes de la plate-forme Pronote avec l’idée de bloquer Parcoursup.

Ajouté à ça, le rôle d’enseignants complémentaires que Blanquer veut faire jouer aux surveillants, l’objectif est simple : dézinguer tout simplement l’enseignement public.

Ce qu’on n’attendait plus # 12

Nous n’avons pas créé la violence….Nous l’avons rencontrée*….

Réduire les affrontements entre antifas et fascistes à une simple bagarre de rue entre bandes rivales relève soit d’une incroyable mauvaise foi soit d’une cécité précoce. Il est tout de même hallucinant qu’après un siècle passé à subir les Salazar, Franco, Mussolini, Degrelle puis les nouveaux fascismes composés pêle-mêle des Haider, Orban, Berlusconi et consorts, il faille toujours justifier le combat antifasciste alors que c’est l’affaire de tous et pas uniquement celui de celleux qui en font leur cheval de bataille.

Le mouvement des gilets jaunes est un combat politique au sens brut du terme, celui de gens qui se réapproprient le terrain de la rue, le terrain de l’expression publique sans avoir fait l’ENA ou Sciences-Po. Dire de lui que c’est un mouvement apolitique est tout sauf une réalité. N’en déplaise à certains, les gilets jaunes sont en train de se réappropier la politique dans des agoras où chaque jour sont redéfinis les moyens d’expression ainsi que les moyens d’action puisque la République n’offre plus la possibilité de le faire en dehors d’un suffrage moribond qui ne sert qu’à renouveler les élites bourgeoises et que, justement, les mouvances d’extrême droite confortent, jouant à fond leur rôle d’épouvantail.

Que le mouvement soit apartisan, en revanche, c’est certain. A l’écart des centrales de partis totalement prises au dépourvu et étouffées par une contestation à tel point qu’aucune d’entre elles n’osent se manifester pour tenter une récupération sous peine d’un retour de flamme qui s’avèrerait catastrophique, le mouvement se créé sa propre identité politique que l’appel de Commercy a tenté d’illustrer. Et là dedans, aucune référence à ce que pourraient revendiquer les fascistes. Penser qu’une personne développant des idées homophobes, autoritaires, racistes ou sexistes peut se diluer dans un mouvement qui (doit) revendique(r) le contraire, sous prétexte que ce dernier doit embrasser toutes les composantes de la société se trouve démenti tous les samedis par les assauts des milices d’extrême droite qui surgissent ponctuellement dans les cortèges démontrant par-là même leur volonté de ne pas y adhérer. Comment peut-on alors souhaiter établir un projet de société avec des pèlerins pareils ?

Quoi qu’on en dise, en refusant les modes de communication habituels, du moins ceux offerts par la démocratie représentative, les Gilets jaunes ont, ni plus ni moins, choisi la voie de l’insurrection : pas de représentant, blocage économique, occupation de l’espace public, vote à main-levée, démocratie directe, manifestations non-déclarées, tout ce qu’abhorrent les fascistes avec leur soif d’autoritarisme, de défilés au pas de l’oie et d’envie de race blanche. Et, inévitablement, en créant leurs conditions d’expression en dehors des clous, ils s’exposent à la violence de l’Etat qui a compris le danger de la non représentativité mais aussi à celle des identitaires en tout genre qui n’en veulent pas non plus. Contre ça, il n’y a aucune garantie à chercher dans les institutions, encore moins dans une justice qui a décidé de battre le record mondial de jugements lapidaires. En clair, il n’y a rien à attendre de structures contre lesquelles il faut se battre tous les jours. La seule alternative est la riposte.

* Tag aperçu début février, boulevard d’Arcole.

Soutien aux prisonniers

La Défense Collective a mis en ligne une page spéciale pour soutenir les prisonniers incarcérés à Seysses suite aux dernières édition des Gilets Jaunes. Tous les détails au bout de ce lien.

Ce qu’on n’attendait plus # 11

Le message derrière la cible.

Avec leurs vitrines parées de planches de bois, les banques n’ont jamais été aussi séduisantes. En deux mois, elles sont devenues les dazibao de la révolte populaire, sur lesquels chacun laisse son message et agrémente de haikus urbains ce qui n’est déjà plus une jacquerie.

C’est désormais officiel : les samedis sont devenus les rendez-vous de l’émeute et personne ne semble s’imaginer être ailleurs. A la forte décompression que l’on nous prédisait avant les fêtes succède une mobilisation toujours croissante et un enthousiasme encore plus débordant à Toulouse depuis que Jean-Luc Moudenc, maire de la ville, a décidé de donner son avis sur la question. Cela a commencé par une immersion de 10 mn au coeur des casseurs durant laquelle il a dressé le constat d’une communion des « extrêmes », mettant à mal des décennies de recherche sociologique sur le sujet. Il a continué en cédant aux demandes de son grand ami Bouscatel (le fils de l’ancien président du Stade toulousain) pour exonérer de charges les commerçants sur le dos des Gilets jaunes. Paternaliste, il a tout de même fait un geste envers ces derniers en leur offrant une salle municipale pour se réunir au lieu de déambuler dans les rues le samedi, et demandé à ce que les manifs soient le dimanche pour ne pas freiner l’activité économique. En gros, allez jouer dans la chambre pendant que les grandes personnes travaillent.

L’exemple de Moudenc n’est pas unique. Il illustre bien l’impasse dans laquelle se trouvent les édiles politiques pour régler une affaire dont chaque samedi nous révèle une ampleur insoupçonnée, usant de tous les moyens légaux et illégaux pour y parvenir. Après la répression féroce qui s’exerce tous les week-ends, la boucherie judiciaire qui lui succède, il ne manquait plus que celui de la division avec la création d’une liste GJ aux Européennes. Et tant pis si, à sa tête, on trouve une macronienne qui noyautera le mouvement et l’esprit à la première occasion. Plus c’est gros, plus ça devrait passer, ceci sans même parler du téléguidage d’une manifestation pro-gouvernementale qui a du recevoir l’aide inconditionnelle des médias pour gonfler les chiffres d’une faible mobilisation.

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Les vases communicants

La Mairie de Toulouse chouine, la Dépêche chouine. Dans un article du 25 janvier, le journal faisait un focus sur les horodateurs pétés à l’occasion des manifs depuis le mois de novembre 2018. Dans une introduction relatant les dégâts sur les bâtiments publics, les banques, les agences immobilières, les abribus, les commerces (ça mange pas de pain et tant pis si c’est pas vrai, ça donne l’occasion à la Mairie de leur filer un peu de blé), la Dépêche poursuit sa litanie sur le coût engendré par le passage de la marée jaune hebdomadaire en prenant toujours bien garde de chercher à comprendre les raisons pouvant amener à ces extrémités et les points communs qu’il pourrait y avoir entre les diverses institutions touchées (au hasard, la spéculation ?). Bref, le journal continue à bien faire attention à ne pas faire du journalisme et à rester le porte-parole des élites du secteur pendant que les Gilets jaunes y sont vus comme des fous furieux descendant des montagnes le week-end uniquement pour péter des trucs. Pour un article sur les violences policières, il faudra attendre un peu. Apparemment c’est pas encore à l’ordre du jour.

Le dos large des gilets jaunes

La semaine dernière on pouvait voir certaines vitrines de la rue des filatiers afficher une pancarte « commerces en danger (à vendre) ». La surprise passée, on s’aperçoit rapidement qu’il s’agit d’une opération de communication destinée à attirer l’attention des gens sur la situation des commerces du centre ville bourgeois de Toulouse. Parfois ajouté à ce panneau, on a droit à un petit brûlot assez alarmiste de la situation en centre ville des commerces, soi-disant à l’article du dépôt de bilan et ce, bien évidemment, à cause des manifestations. La suite, vaut son pesant de cacahuètes. Il y est dit que les commerçants sont proches de la faillite, qu’ils ne jugent pas le mouvement des gilets jaunes (le sempiternel « on ne fait pas de politique »), mais en appellent à l’Etat pour restaurer l’ordre public (pas un mot des violences policières), ce qui est en soi un aveu.

Si on jette un oeil plus attentif, on se rend compte en plus que les commerçants demandent l’exonération des charges ainsi qu’un accompagnement d’aides individualisée. Preuve que, même soi-disant à l’agonie, les commerçants ne perdent pas le nord et nous ressortent leur vieille rengaine poujadiste. Bref, comment se servir du mouvement des GJ pour essayer de gratter quelques brouzoufs et profiter d’une situation pas si catastrophique que ça dans la mesure où, certaines boutiques (boutique de bd et alimentaires, notamment) ont refusé les panneaux en prétextant du fait que la situation n’était pas si mauvaise que ça, loin de là.

A l’initiative de ce truc, on retrouve Olivier Bouscatel, fils de René, dont vous trouverez un article très explicite sur IAATA. A noter que, le samedi de l’acte X, les pancartes avaient déjà été enlevées. Courageux mais pas téméraires les boutiquiers.