Teso : l’autre appellation pour gentrification

Le terme de concertation est à la mode en ce moment. Surtout lorsqu’il s’agit de donner l’impression d’une démocratie effective et en bonne santé alors que toutes les décisions ont déjà été prises. C’était déjà le cas dans le cadre de la réforme du droit du travail où la concertation n’a uniquement servi qu’à donner une apparence de vitalité démocratique quand le gouvernement français a tout foutu en l’air et validé le projet à coups d’ordonnances. Cette manière de procéder est révélatrice de la conception de la démocratie qu’ont les édiles nationaux.

Au niveau local, c’est la même chose. Toulouse Euro Sud Ouest (TESO), est un projet d’intérêts regroupant six acteurs majeurs : l’Etat, la SNCF, la région Occitanie, le conseil départemental de Haute-Garonne, TISSEO et Toulouse Metropole. Le but de cette campagne est de profiter de l’arrivée prochaine de la LGV qui relierait Toulouse à ¨Paris en 4 heures, pour transformer le quartier de la station Matabiau en un quartier d’affaires tout neuf, dans lequel pourraient s’affairer plein de gens bien peignés, à l’ombre de la tour d’Occitanie, fleuron du projet de 150 m de hauteur. Les chiffres donnent le tournis : 300 000 m² de bureaux et 50 000 m² de boutiques en plus, le tout dans une atmosphère climatisée sous la surveillance des caméras pour sécuriser toute cette population. Et tous ceux ou celles qui ne feraient pas joli.e.s dans le paysage pourraient aller se faire voir.
A Toulouse, comme partout, le processus de gentrification suit son cours. Le 13 mars dernier, les édiles de la ville avaient bien préparé leur coup de com dans une salle de la médiathèque Cabanis, avec trois beaux écrans pour ne pas perdre une miette. Ils avaient aussi pris leur précaution en demandant à un camion de flics de faire le pet à l’entrée, pendant qu’une milice privée faisait les sacs à l’entrée de la salle. Tout était prévu mai c’était sans compter la population locale que le projet allait laisser sur le carreau qui composait une grande partie de l’assemblée, ceux et celles qui croient encore à la mascarade démocratique, mais aussi ceux et celles qui n’ont plus d’espoir dans la discussion.
Pendant une heure et demi, ces femmes et ces hommes allaient défoncer comme ils le pouvaient la mise en scène de la marche triomphale de l’aréopage municipal. A coups de cris et de chants, tout.e.s allaient faire péter la mécanique municipale, en ne voulant pas être les dindons d’une réunion où le terme de « concertation » n’est pas plus qu’une figure de réthorique pour faire croire que la parole des administré.e.s est importante alors que tout est déjà réglé. Après le tumulte, les élus Moudenc et l’architecte Busquets ont essayé de convaincre les restant.e.s du bien-fondé du projet. Pas sûr qu’ils y soient parvenus. La suite promet d’être agitée.