Ce qu’on n’attendait plus # 4 – bilan partiel

On aura mis le temps à se décider mais, désormais, c’est fait. Presque tout le monde est entré dans la danse et une partie de la mauvaise graine a pris la porte, contrainte et forcée. Les dernières semaines qui viennent de s’écouler ont montré une détermination sans faille face à un gouvernement décidé à faire la sourde oreille aux revendications des gens en colère. Tout le monde semble avoir pris conscience que la lutte ne passe plus par les urnes, outil de reproduction des élites, mais par la rue. A la violence des forces de répression a répondu la détermination du peuple, bien décidé à ne pas prêter le flanc à toutes les agressions gratuites subies, conséquence d’une répression disproportionnée digne des plus grandes dictatures : tabassage, tirs de flash-ball, usage incroyable des lacrymos, canon à eau, délestage de toutes les protections, comparutions immédiates en cascade. Ces derniers temps, l’imagination de l’Etat a été sans borne lorsqu’il s’est agi de museler la liberté de s’exprimer.

Manque de bol pour lui, et contrairement à tout ce que peuvent balancer les journaux mainstream qui ont définitivement choisi leur camp – et perdu pas mal de lecteurs dans la foulée – la concentration est allée crescendo et plus la répression était féroce, plus la colère du peuple était grande. Il n’y a qu’à voir pour cela les boulevards toulousains, noirs de monde depuis quinze jours empêchant la consommation de tourner à plein pendant les fêtes et la lassitude des flics, obligés de sortir la grande armada et ne sachant plus que faire pour enrayer la révolte.

L’heure est maintenant à l’organisation. Des assemblées de quartier ont réinvesti l’espace public sous l’oeil des caméras de surveillance pour tenter de programmer les actions, de manière à gagner en efficacité. L’accent est également mis sur la volonté de ne pas choisir de représentant pour ne pas laisser le sort de tous entre les mains d’un seul. Non pas par manque de confiance, mais parce qu’il est moins facile d’intimider un groupe compact et déterminé. On peut voir ça par certains côtés comme une faiblesse, mais ce qui fait la force de ce mouvement c’est également le fait qu’il ne soit pas structuré, que les hommes et les femmes s’effacent devant les idées et les revendications. Le gouvernement n’a donc aucune prise face à ce phénomène et c’est bien ce qui l’emmerde. C’est la raison pour laquelle il fait le forcing pour que le mouvement soit récupéré par les syndicats. Avec eux, tout se jouera sur du velours.

Reste que, maintenant, il ne faut pas faiblir. En faisant le dos rond, le gouvernement table sur un pourrissement du conflit et un épuisement des forces de mobilisation que l’on a déjà pû constater sur certains rond-points et dont les flics ont profité. Il est plus que jamais nécessaire d’établir des plans d’actions pour soulager ceux qui ont tenu le coup jusque-là pour que perdure l’espoir.