Ce qu’on n’attendait plus # 9

Aux errances sémantiques, la République reconnaissante…

A ceux/celles qui pensent encore que le régime autoritaire dans lequel nous venons de plonger n’est pas comparable à celui d’une dictature, qui s’amusent à faire des comparaisons avec la Corée du Nord, le Yémen ou l’Irak, comment définir un système politique permettant d’élire à minima un président pendant cinq ans ayant la main-mise sur le parlement, sans aucune possibilité de révocation, ne prenant même pas la peine d’écouter ce que le peuple a à lui dire, dont la seule réponse est l’envoi de blindés, de régiment de flics qui allume tout le monde sans sommation et qui établit une justice d’exception ?

A ceux/celles qui s’offusquent que l’on puisse prendre à parti des journalistes appartenant à de grands groupes de presse dont l’unique but est de ne pas froisser la volonté d’un gouvernement et qui, toute la journée, font leur maximum pour retranscrire de manière érronée les faits, réaffirmant leur indépendance mais criant avec la meute des dominant.e.s par peur de perdre leurs privilèges, peut-on encore parler de liberté de la presse ?

Minimiser les faits ne rendra pas les coups donnés par le pouvoir moins durs. Etre partisan.e d’une solution légaliste surrannée contre vents et marées, ne permet pas de se faire davantage entendre lorsque le gouvernement est sourd à ces attentes. La Ve République en apnée depuis des dizaines d’années est morte un jour novembre 2018. Le vote dans son fonctionnement actuel n’est qu’une gigantesque mascarade destinée à alimenter le renouvellement des élites tout en flattant l’égo des électeurs/trices qui pensent encore avoir voix au chapitre. Sauf que ce n’est plus le cas et continuer à voter ne sert qu’à légitimer tout ce système. Il est plus que nécessaire de trouver d’autres moyens d’actions pour se faire entendre. Se dire et faire savoir qu’il y a aussi dans le monde des états encore plus répressifs que le notre est une évidence. C’est également l’argument principal des gouvernants : « Ne vous plaignez pas, regardez ce qui se passe ailleurs et vous serez contents de ce que vous avez ». Regarder tout le temps ce qui se passe ailleurs nous condamne à nous dissimuler derrière cette reponsabilité citoyenne qu’est le vote, à l’inertie et, au final, à s’asseoir sur tout ce qui améliorerait notre quotidien.

Encore faut-il (vouloir) s’en rendre compte. La représentativité nous a fait entrer dans un ronronnement qui exclue tout ce qui tente de nous en faire sortir et présente ceux et celles qui ne s’en contentent pas comme des agitateurs/trices. Et il est facile d’être catalogué.e en tant que tel. Pendant que certain.e.s en sont encore à des préoccupations sémantiques sur la définition d’une dictature et d’un état de droit, l’arsenal répressif est en train de se resserrer en même temps que les libertés à tel point désormais que relayer une information peut vous valoir deux journées de garde à vue. Mais cette crispation de l’exécutif, cette méfiance à l’égard du peuple démontre surtout le tremblement sur ses bases d’un système n’ayant plus grand chose de démocratique si tant est qu’il l’ait été un jour. En opposant à des hommes et des femmes désarmé.e.s un arsenal répressif inouï, composé de fonctionnaires surarmés, libres de tout mouvement et autorisé à foncer dans le tas, le gouvernement montre sa volonté d’imposer son libéralisme mortifère et qu’il n’a rien à faire de la perte de crédibilité aux yeux de ceux qui l’ont élu. A cette violence d’état, ne reste que deux réponses possibles : soit se terrer en laissant faire, soit riposter.