Solidarité avec le camarade J.C., antifasciste portugais

Lettre ouverte,

Nous tenons à exprimer toute notre solidarité et notre soutien au camarade Jonathan Ferreira Da Costa.

Quarante-sept ans après le 25 avril 1974 (Révolution des Œillets), ressurgit la persécution idéologique. Plusieurs camarades sont poursuivis par la justice pour leur prise de position contre la résurgence du fascisme. Pire encore est le cas spécifique du camarade JC qui sera jugé à la fin de ce mois dans une série de procès pour s’être légitimement défendu contre des militants de l’ultra-droite.

Notre société traverse une époque périlleuse où les idéologies assassines gagnent nos parlements et normalisent la culture et la croissance de mouvements et de partis politiques basés sur la haine.

Les militants d’extrême-droite ont usé de divers moyens pour intimider, agresser et réduire au silence notre camarade. A tel point qu’il à dû déménager dans une autre ville et commencer une nouvelle vie, avec toutes les implications et les désagréments que cela implique, pour garantir sa sécurité et celle de sa famille.

Nous saluons son courage, sa persévérance et sa résilience face à tous les obstacles qu’il a dus affronter et sommes convaincus que celui-ci ne sera qu’un de plus qu’il parviendra à surmonter. Néanmoins, en ce moment précis, il est important que notre camarade sache qu’il n’est pas seul dans cette lutte qui nous concerne toutes et tous. Il est nécessaire que nous puissions lui témoigner tout notre soutien et notre gratitude pour avoir assumé ce combat depuis son arrivée au Portugal. La solidarité est un point fort de notre lutte. Aujourd’hui comme demain, n’ayons pas peur de l’exprimer !

Toute notre solidarité avec le camarade Jonathan !Retour ligne automatique
Contre l’oppression fasciste, solidarité antifasciste ! Retour ligne manuel

Pour plus d’information sur notre campagne solidaire en cours, envoyez un e-mail à :

autodefesantifascista@gmail.com

Des molards et du mépris

On continue encore et toujours à détester la police. On prend le cortège au vol pour se rendre compte sur Alsace-Lorraine que des K-Way noirs semblent être de retour dans le défilé. Les slogans qui résonnent ne trompent pas, eux qui avaient plus ou moins disparu du cortège ces derniers temps. Du coup, ça remet un peu de peps dans la manif. Pour une fois, le défilé laisse Primark tranquille et remonte en direction de la rue Bayard pour une tentative de redite de la semaine dernière lorsque la gare avait été envahie. Mais au bout de la rue, les forces de répression attendent comme des toutous, bloquant l’accès à Matabiau. L’épreuve de force débute et, au bout de la deuxième sommation les flics balancent les gaz rue Bayard. Une partie du cortège tente une sortie rue Agathoise, très rapidement arrosée de lacrymo.

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Instrumentalisation patriotique au collège

On entend tellement parler dans les médias de prise d’otages dès lors que surgissent les conflits sociaux que l’envie est forte de ne pas se priver de cette expression dans le cas des gamin.e.s du collège Michelet à Toulouse.

Au sein de l’Education nationale existe un protocole appelé le Trinôme académique chargé, sous l’autorité du recteur d’académie, de l’autorité militaire et du Président de l’association régionale des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, « de promouvoir l’esprit de défense à travers des actions et des formations à l’attention des élèves, des enseignants et de tous les responsables du système éducatif ». Inutile de détailler les missions, la phrase précédente est suffisamment explicite pour comprendre à quoi sert réellement ce dispositif est quel est son objectif. Ce que l’on sait moins c’est qu’il existe depuis 1989 et, qu’à ce jour, il faisait plus l’objet d’une existence théorique que réelle.

Il semble que les données aient quelque peu changé. On sait depuis longtemps le rôle de l’école souhaité par les esprits conservateurs, à savoir, l’exaltation du sentiment patriotique, le vecteur d’une identité commune (et peu importe les moyens utilisées pour y arriver), afin de faire des éléves de bon.n.e.s citoyen.n.e.s et de bon.n.e.s ouvrier.e.s aptes à bien écouter les consignes. Et rien de mieux pour cela que de l’inoculer à l’intérieur des programmes, particulièrement ceux de l’Histoire (voir Laurence de Cock, Sur l’enseignement de l’histoire : Débats, programmes et pratiques de la fin du xixe siècle à nos jours, Libertalia, 2018), afin de redonner de l’allant au Roman national. En ces temps d’autoritarisme où le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’appeler à se ressouder autour du drapeau – la loi Blanquer prévoit qu’il soit présent dans les salles de classes à la rentrée prochaine – il semblerait que le cadre présidant à la mise en place de tout cela existe déjà et que certains responsables d’établissement l’aient déjà anticipé en utilisant des moyens qui en disent long sur ce qui nous attend.

Au sein du collège Michelet, situé au coeur du quartier Saint-Aubin à Toulouse, existe une chorale à laquelle tous les éléves le désirant peuvent adhérer. Durant toute l’année, filles et garçons participent à cet exercice suivant un théme bien défini. Cette année c’est le livre des Merveilles de Marco Polo. A l’issue de cet apprentissage, les éléves sont appelé.e.s à se produire devant le collège à la fin de l’année. Rien d’alarmant jusque là. En revanche, ce qui a été omis de dire en début d’année scolaire, c’est que cet enseignement a été dispensé dans le cadre de ce fameux Trinôme académique 2019, que la représentation sera effectuée [1] avec la Musique des Parachutistes durant laquelle les éléves seront obligé.e.s de chanter la Marseillaise et que les parents ont appris tout cela dix jours avant la représentation lorsqu’il était impossible de faire machine arrière sans passer pour de sombres connards aux yeux des enfants. Entre les deux, aucune communication sur ce qui allait se passer, comme si tout allait de soi.

Instrumentaliser des enfants dans le but de faire passer les pires tambouilles n’a rien de nouveau mais rien d’anodin non plus. En révélant largement a posteriori le cadre dans lequel avait évolué les enfants toute l’année à leur insu, cela témoigne d’une tentative assez crapuleuse de la part des chefs d’établissement pour accéder aux demandes du gouvernement, sans trop faire de vague auprès des parents qui par hasard ne seraient pas d’accord avec ce partenariat. En les impliquant dans cette démonstration patriotique dégueulasse, ils savaient pertinemment que les parents suivraient obligatoirement parce que mis devant le fait accompli et, donc, dans l’impossibilité de renoncer sans frustrer leurs gamin.e.s. Hypocrite mais pas moins lucide car la feuille de route – on continue dans la terminologie militaire, je n’invente rien – de la journée fait état de la présence maximum de deux accompagnant.e.s uniques, ce qui limite l’accueil aux parents biologiques et les familles recomposées peuvent aller se faire voir. Du coup, en prévision d’action pour celles/ceux qui souhaiteraient éventuellement troubler cette grande communion, il a été également prévu que les guichets seront fermés et, par conséquent, qu’il ne sera pas possible d’acheter de place supplémentaire.

Notes

[1Le 3 juin à la halle aux grains

Travaille, consomme et ferme ta gueule

Accuser les gilets jaunes de la faillite d’une palanquée de commerces toulousains c’est occulter les effets d’une crise qui ne date pas du mois de novembre mais de quelques années en arrière. En 2018, rien que dans ma rue, au moins une demi-douzaine de boutiques avaient mis la clef sous la porte en raison d’une augmentation des loyers qui empechait tout ce beau monde de faire perdurer leur activité. Evidemment, c’est plus simple et plus efficace d’accuser le mouvement de tous les maux que de le rejoindre. Surtout que, même voué aux gémonies, il aura quand même permis aux commerçants de faire enfin valider leurs vieilles revendications poujadistes – les fameuses exonérations de charges – auprès d’un Moudenc qui n’en demandait pas tant, bien aidé en cela par un gouvernement plus enclin à semer la division qu’à porter assistance aux prolos.

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Ce qu’on n’attendait plus # 14

La semaine dernière, la pluie avait calmé les ardeurs. Le soleil de ce samedi les aura ravivées. La météo mais aussi la toute fraîche adoption de la loi anti-casseurs qui fait entrer la sacro-sainte République française dans le cercle assez poreux des nations à forte teneur autoritaire.

Les Gilets jaunes se devaient d’être là pour notamment montrer qu’aucune loi ne les empêcherait de fouler le pavé et de contester l’inique qui caractérise la politique du gouvernement de Macron depuis plus d’un an. Du coup, la répression a commencé très tôt dans la matinée. Les allées Jean-Jaurès sont déjà empuanties de lacrymo balancée par les condés aux alentours de midi. Nassé avant le croisement, le cortège s’était fait disperser dans les environs de Belfort et de Saint-Aubin. Lorsqu’on rejoint la troupe à Alsace-Lorraine, ça a déjà pété à Jeanne d’Arc. L’objectif est clair : cantonner les manifestants sur les boulevards et bloquer l’accès au centre. Mais la dispersion provoquée a ouvert plusieurs fronts que les forces de répression peinent à maîtriser.

Sur Alsace-Lorraine, le gazage est massif. Une partie du cortège reflue vers Victor-Hugo en attendant de trouver une porte de sortie. L’accès direct vers Jeanne d’Arc est bloqué mais un contournement nous permet d’atteindre la foule amassée sur la place devant la statue remise en place par la mairie dans la semaine. On se fait face avec les flics. A l’entrée de Bellegarde, une fumée noire s’élève. De là où je suis je ne vois pas ce qui brûle mais ça a l’air sérieux. On repart vers Wilson où une importante partie des manifestants est massée sur les allées Roosevelt. L’ambiance y est bon enfant, une sono balance sa techno mais on sent que ça va être de courte durée. Les premières grenades volent dans tous les sens, sur la gueule des manifestants et des simples badauds. Mais on ne s’éloigne pas. Progressivement on réinvestit la place avant que les baqueux ne changent de tactique en effectuant une charge. Un premier temps les GJ battent en retraite avant de contre attaquer. Les CRS planqués derrière n’ont plus d’autre choix que de rebalancer les lacrymos.

On continue à jouer aux résistants et aux miliciens. La dispersion est effective dans tous les sens. En direction de Saint-Georges, on fait une petite halte pour appâter le bourgeois qui sirote son mojito à l’ombre des platanes. Un peu plus loin, on essaie de rejoindre la troupe sur les allées Verdier. Place Occitane, un CRS nous voit et nous intime, LBD en main, l’ordre de refluer de là d’où on vient. Les escaliers sont bloqués mais comme les condés n’ont pas l’air d’être du coin, on prend la petite rampe latérale qui nous propulse sur le boulevard Carnot où se joue un remake de la 7eme compagnie. Le canon à eau est tout de guingois, planté dans le terre-plein herbeux du boulevard, provoquant l’hilarité de tous. De part et d’autre, les agences immo n’ayant pas pris leur précaution ont pris la marée pendant que les poubelles et les sucettes de pubs offrent un nouveau design d’éclairage urbain.

A l’entrée de la Colombette, on reprend des gaz. La BAC allume toute la rue avec ses merdes, obligeant certains à se réfugier dans les cours d’immeuble, pas toujours friendly. Pendant ce temps ça s’organise sur le boulevard Carnot. Une poubelle prend feu en travers de la route pendant que certains entament une danse du feu. On s’échappe rue Castellane avant d’être gazé par la BAC.

On en est encore à cracher nos poumons que, déjà, les échos parlent de victimes de flash ball par dizaines et d’une quarantaine d’arrestations [1].

P.-S.

Merci à Seb pour les photos.

[1] On parle également d’une main arrachée mais l’info n’a pu être vérifiée.

Le vilain petit anar

Sortie du numéro 4 du Vilain Petit Anar, fanzine des jeunes libertaires toulousains. Au sommaire, un article sur la prostitution, quelques réflexions sur la démocratie, mais aussi sur l’autogestion des lieux d’études avec l’exemple des lycées autogérés de Paris et Saint-Nazaire. C’est dispo à prix libre en manif’, à la canopée de Jean-Jaurès et le dimanche à Saint-Aubin (12 à 13h).

Elections européennes et Gilets jaunes : et maintenant, le boycott ?

Cinq mois de mobilisation dans la rue, des blocages, une personne décédée, des blessé.e.s, des incarcéré.e.s à la pelle, tout ça pour tomber dans le légalisme électoral dès qu’un scrutin pointe le bout de son nez ? La manière d’appréhender les prochaines élections européennes sera un révélateur du potentiel offensif qu’a offert le mouvement des gilets jaunes depuis ses débuts. Plus que pour le gouvernement, cette échéance est un tournant pour la mobilisation qui recherche un second souffle même si elle reste importante et sa motivation, intacte. Opposée au mutisme de gouvernants qui, face à tout ça, n’ont qu’une réponse répressive à apporter, couplée à une intransigeance judiciaire aux jugements iniques et totalement disproportionnés, le risque est grand de voir les GJ s’engouffrer dans une voie sinon plus légaliste, du moins plus traditionnelle qui laisserait obligatoirement des traces et signerait probablement son arrêt de mort.

D’un côté l’objectif est, bien évidemment, d’essayer de rallier les indécis. Certains ne sont pas encore prêts à battre le pavé et réclamer leur dû dans la rue. Il est également d’offrir une vitrine plus consensuelle à un mouvement raillé, accusé d’être une auberge espagnole au niveau idéologique, généralement méprisé par les intellos des plateaux télévisés en mal d’argument. Boudé par les médias et, dans le même temps, incité en sous-main par ces derniers à trouver une figure plus mainstream, la tentation est forte justement de laisser la parole à ceux qui peuvent la porter ailleurs que dans la rue. De Boulot à Rodrigues, les exemples foisonnent. Face aux incessantes critiques d’une classe renvoyant le prolétariat en colère à clarifier ses revendications non pas pour l’écouter mais surtout pour gagner du temps et par mépris de classe, les GJ se retrouvent à choisir entre poursuivre sur la voie insurrectionnelle et s’acheter une conduite pour entrer dans le moule prévu pour les mouvements contestataires, à savoir celui de la représentation, avec les résultats que l’on sait (cf. Podemos en Espagne).

Toutefois, en ayant fait du rejet de la représentativité un de ses chevaux de bataille, l’orientation dans une voie légaliste pourrait faire prendre au mouvement le risque d’une division fatale annihilant la menace qu’il a été pendant tous ces mois et le résultat au point de vue constitutionnel pourrait être bien maigre. Déjà les Cauchy, Benedetti et autres affidés d’extrême droite sont prêts à récolter les fruits d’une colère opportune de laquelle ils se sont fait mettre dehors avec perte et fracas. Et c’est surtout ce que semble attendre avec impatience le gouvernement qui pourrait rejouer le coup du front républicain qui l’a porté aux affaires en 2017. En n’offrant aux Gilets jaunes que leur silence et ce, bien après la fin du fameux grand débat, Macron et sa bande tentent effectivement de forcer tout le monde à prendre la direction des urnes avec comme enjeu une « relégimisation » à moindre coût (sans dissolution de l’Assemblée nationale, par exemple). Une victoire aux européennes conforterait son action, tandis qu’une défaite serait exploitée commune une défiance à l’égard de l’Europe et non pas comme la conséquence d’une politique nationale désastreuse. Rien de nouveau dans la rhétorique politicienne car c’est le discours habituel des gouvernants après une veste aux élections intermédiaires depuis vingt ans. Sachant cela, on comprendrait donc difficilement que le mouvement accepte le jeu électoral d’une classe politique contre laquelle il se bat depuis le début. Tout cela réduirait à néant ces efforts et ouvrirait la porte à un véritable massacre social.

 

Blocage national des rectorats

L’AG des grévistes de l’éducation appelle le Jeudi 4 Avril à une grève massive et au blocage des rectorats de toutes les académies.
Pour un service public d’éducation égalitaire et accessible à tou.te.s, contre le tri social et la sélection, pour dénoncer les violences policières. La suite sur IAATA.

La double lame en marche

On aurait pu croire que la violence des événements derniers occasionnerait sinon un peu d’empathie chez les parlementaires, du moins l’envie de ne pas ajouter d’huile sur le feu. Mais on est toujours surpris par leur capacité d’adaptation. Dans la foulée de l’escalade répréssive de samedi dernier, Arnaud Viala (député de l’Aveyron, Maire de Vézins de Lévezou et conseiller au rectorat de Toulouse) en a profité pour proposer le 20 mars dernier un projet de loi visant à supprimer le revenu de solidarité active (RSA) aux personnes ayant participé à un attroupement.

« Il faut priver du revenu de solidarité active (RSA), prévu à l’article L. 262-1 du code de l’action sociale et des familles, des « casseurs » qui en sont bénéficiaires, et ce, en raison de leur participation (armée ou non) à un attroupement, de leur participation armée à une manifestation ou réunion publique autorisée ou de la provocation directe à un attroupement armé ».

La double lame, donc, pour ceux ayant osé défier le gouvernement. Les parlementaires font dans la surenchère répressive pour museler toute velléité de contestation et inciter ceux qui sont en colère à rester chez eux sous peine de se voir privés des trois brouzoufs qui leur reste. Le projet n’a pas encore été soumis au vote mais, étant donné l’ambiance générale au sein de la majorité présidentielle qui a déjà acté une proposition de loi provenant de ces mêmes Républicains (loi anticasseurs), sa promulgation ne devrait pas poser trop de problème.